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14 mai 2019

INTERVIEW - Nelly Viennot (arbitre observatrice de la Sud Ladies Cup) : « Le but est d’en faire de futures super arbitres »

Nelly Viennot est la toute première femme de l’histoire du football français à avoir officié un match de D1 chez les hommes en tant qu’arbitre de touche en 1996. Aujourd’hui, elle intervient à la Sud Ladies Cup en tant qu’arbitre observatrice. Entretien.  

Nelly, en quoi consiste votre rôle d’arbitre observatrice de la Sud Ladies Cup ?

Mon rôle est d’observer et d’accompagner les arbitres qui pour certaines ont peu d’années d’arbitrage. Je suis là pour les aider pour leur futur. Le but est d’en faire de futures super arbitres. Si elles ont été choisies, c’est parce qu’elles ont des qualités et ce tournoi va leur permettre de progresser.

Qu’est-ce que cela vous fait d’occuper ce poste ?

C’est une nouvelle expérience car j’ai l’habitude de le faire pour l’UEFA et là c’est avec beaucoup de plaisir que je découvre cela au niveau de cette compétition. On a eu la chance d’être aidée donc maintenant c’est à nous de les aider avec nos vécus.

Que pensez-vous de la présence des arbitres espoirs françaises à cette occasion ?

C’est bien qu’il y ait des espoirs, comme ça elles voient le travail de leurs ainées et grâce à ce tournoi, elles peuvent apprendre et s’améliorer en découvrant le niveau international avec des comportements et des cultures différentes.

Comment trouvez-vous les arbitres ?

Elles sont très bien, les filles forment un très bon groupe. Les arbitres étrangères se sont bien intégrées.

Qu’est-ce que cela fait de voir aujourd’hui des arbitres féminines en L1 ?

C’est formidable d’avoir pu voir Stéphanie Frappart officier le match Amiens – Strasbourg. Mais quand je pense que 23 ans se sont écoulés entre le moment où je suis devenue la première arbitre assistante et le moment où elle devient la première arbitre centrale, ça fait beaucoup de temps ! Maintenant, j’espère qu’on ne va pas encore attendre 23 ans avant de revoir ça… Il faut continuer à travailler, les filles ont le potentiel pour réussir. Il faut qu’on leur donne la possibilité de jouer au plus haut niveau et on est aussi là pour ça.

Comment une femme doit faire pour pouvoir arbitrer chez les hommes ?

Il faut réussir les mêmes tests physiques que les hommes, ce qui est normal mais physiologiquement on est différents. Quand les hommes travaillent deux heures, pour les femmes il faut le double ! Et forcément, c’est bien plus difficile pour nous. Par exemple, rien qu’au niveau de l’explosivité au démarrage, on a cette petite différence qui fait que l’on doit travailler deux fois plus. Mais on a de plus en plus de jeunes filles avec des capacités athlétiques qu’on n’avait pas avant. On va encore gagner du temps mais c’est à elles aussi de travailler dur.

Qu’est-ce que vous aimeriez voir dans le futur ?

Je rêve de voir des femmes arbitrer à la Coupe du Monde ! En 2006, j’ai raté le Mondial en Allemagne pour un dixième de seconde. Les sprints étaient passés de 6,2 secondes à 6 secondes, donc autant vous dire que 2 dixièmes de seconde à travailler à 44 ans, c’était mission impossible… Il y a déjà eu une grosse évolution lors de la Coupe du Monde U17 l’an dernier chez les garçons, quatre femmes ont été quatrième arbitres, ce qui n’était jamais arrivé auparavant. J’espère maintenant que cela va se réaliser pour le prochain Mondial.

Propos recueillis par Julien Philipakis

Crédit photo :  Hélène Dos Santos