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3 mai 2019

INTERVIEW - Mélissa Plaza : « Les femmes doivent toujours faire deux fois plus » (2/2)

Ex-footballeuse professionnelle, conférencière, titulaire d’un doctorat, chroniqueuse, Mélissa Plaza possède plusieurs cordes à son arc. La jeune femme de 30 ans sortira dans quelques jours son livre « Pas pour les filles ? ». Un livre qui raconte son histoire mais également son point de vue sur la féminisation du football. Elle sera présente à Salon-de-Provence, le 12 mai lors de la troisième journée de la Sud Ladies Cup 2019. Deuxième partie de notre entretien avec une femme hyper active et habitée par un but : défendre la liberté individuelle et le bien vivre ensemble.

Mélissa, en parallèle de votre carrière, vous avez continué vos études jusqu’à la réalisation d’une thèse en 2016. Pourquoi avoir fait ce choix-là ?

Déjà, j’avais besoin de cet équilibre, entre l’intellectuel et le physique, c’était important pour moi de m’épanouir pleinement et d'avoir autre chose à côté que le football. On est beaucoup dans l’entre soi et ça fait du bien de voir d’autres personnes, de discuter d’autres choses. J’avais besoin de comprendre pourquoi j’étais en colère, pourquoi je ne comprenais pas que je sois la seule en colère, besoin de comprendre les mécanismes qui faisaient que tout ce système absolument injuste, inégalitaire et discriminatoire, perdurait et pourquoi personne ne remettait jamais ça en question. Donc cela a été tout un chemin et ça m’a vraiment aidé, d’une part à être moins en colère et à prendre du recul sur les choses et à ne pas voir cela uniquement sous le prisme des émotions, mais aussi sous un angle scientifique pour bien comprendre les tenants et les aboutissants.

Ce n’était pas trop compliqué de gérer tout cela ?  

L’emploi du temps était bien rempli, ce n’était pas toujours très facile, il a fallu faire preuve d’un grand sens de l’organisation et surtout d’une volonté de fer parce qu’on est peu nombreuses à poursuivre les études aussi loin. Mais j’avais décidé que personne ne m’imposerait de faire un choix entre ces deux milieux là. J’ai dû mettre de côté certaines choses, dont la sieste de l’après midi qui est précieuse dans le sport de haut niveau. Quand les filles dormaient, moi j’essayais de travailler un maximum. Je me levais avant les entrainements pour travailler, entre les entrainements aussi. Il n’y avait que de cette façon que je pouvais boucler mon doctorat.

Vous êtes la première joueuse à avoir réalisé une thèse durant votre carrière en France...

Aujourd’hui, j’en tire un peu plus de fierté mais sur le moment je ne m’en suis pas trop rendue compte. C’est comme si j’avais la tête dans le guidon, je me disais juste qu’il fallait que je termine. Je voulais juste aller au bout des choses, car quand j’ai quelque chose en tête, c’est difficile de m’en faire démordre. A l’heure actuelle, je suis fière du chemin que j’ai parcouru. A travers le livre, je me dis enfin prête à m’accorder de la gloire et de la fierté. C’est un vrai travail introspectif.

Le 9 mai prochain, sortira votre livre « Pas pour les filles ? ». Pourquoi ce livre ?

J’ai toujours aimé écrire. Je prends beaucoup de plaisir à écrire mes discours quand je suis sollicité dans des événements. Et puis surtout j’avais besoin d’un point de vue thérapeutique, de mettre les choses sur papier, pour soigner un peu les maux qui ont été les miens pendant longtemps. Je crois que les histoires et parcours inspirants peuvent aider d’autres personnes à trouver leur chemin, à trouver la force de réaliser leurs rêves. Et au vu des premières réactions, j’ai de très bons retours, donc ça me conforte dans l’idée que j’ai bien fait d’écrire ce livre.

Coach, conférencière, écrivaine, quelle casquette vous plaît le plus ?

Tout ce que je fais aujourd’hui me plaît énormément, pour des raisons totalement différentes. Tout ce que j’entreprends est lié à cette volonté de mieux vivre ensemble, et d’aller vers plus de liberté individuelle que ce soit pour les femmes ou pour les hommes. Toutes les activités que j’entreprends sont destinées à servir cette cause. C’est un bonheur fou parce que je sers des engagements sociétaux, des engagements de vie, au travers de ma pratique professionnelle. Ce n’est pas donné à tout le monde de faire d’une pierre autant de coups. Surtout je ne me limite pas, je réponds à mes envies qui se présentent au fil des rencontres et au fil de mon évolution, de ma maturité. C’est très jubilatoire de ne jamais s’enfermer dans des quotidiens moroses. Tout ce que je fais, je le fais parce que j’aime ça.

Le 12 mai vous serez présente à Salon-de-Provence pour la Sud Ladies Cup. Quel est votre regard sur cette compétition ?  

Je trouve que les médias n’en parlent pas assez. Il y a plein d’initiatives qui existent pour promouvoir les footballeuses partout en France et même ailleurs. J’ai trouvé ça super qu’il y ai une continuité, un tournoi masculin (le Tournoi Maurice Revello, NDLR) et un tournoi féminin. J’ai trouvé ça extrêmement honorant qu’on m’invite à présenter mon livre durant le tournoi. C’est vraiment génial et j’aurai aimé pendant mes sélections avoir des livres dédicacés par une joueuse que j’admirais. C’est à la fois un honneur et un vrai plaisir. Je prends beaucoup de plaisir à aller voir jouer ces jeunes femmes, je les trouve extrêmement talentueuses. En dix ans, l’évolution, a été tellement significative que c’est devenu un spectacle magnifique.

Nous sommes à quelques semaines du début de la Coupe du Monde Féminine. Quel impact aura cet événement en France ?

J’ose espérer bon mais en même temps je suis toujours très modérée dans ces perspectives. J’ai bon espoir que l’engouement crée perdure dans le temps, devienne pérenne mais en même temps je sais qu’il faut être extrêmement vigilant et toujours remettre le couvert. C’est comme pour l’IVG, chaque fois qu’il y a un changement contextuel, tout cela est remis en cause, car le droit des femmes est précaire. Malheureusement, la reconnaissance qui leur est dûe et le respect octroyé sont toujours tributaires de performances impressionnantes. Les femmes doivent faire toujours deux fois plus, c’est une réalité. J’espère qu'elles vont faire faire une belle compétition, qu'elles vont ramener une médaille mais il faut rester attentif et bien garder en tête que dans tous les cas, ce ne sera jamais suffisant. Il faut veiller à ce qu’on fasse le nécessaire pour aller dans le bon sens.

Quels sont vos projets pour le futur ?

Les trois prochains mois vont être costauds avec la sortie du livre, la Coupe du Monde arrive, et les sollicitations qui en découlent aussi. J’ai mon premier stage de foot à visée éducative qui verra le jour cet été à Pornic. Ce stage où filles et garçons seront réunis autour de tous les footballs mais en incluant les modules éducatifs de santé et de citoyenneté. C’est du foot, c’est du plaisir mais il y a également une élévation intellectuelle. Ce stage-là va me demander beaucoup de travail, car c’est de l’organisation en amont. C’est un événement qui donnera lieu à beaucoup d’autres stages. L’idée, c’est de dupliquer ce stage mais uniquement pour les filles. Ensuite, j’aimerai réaliser un One Woman Show sur la base de ce livre. Un spectacle où je ne serais pas seule en scène.

Relire la première partie de l'interview : Mélissa Plaza : "La plupart des joueuses ont deux métiers"

Propos recueillis par François Lecorps

Crédits photo Olivier Baron / Kaizen Magazine

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